quotidienne sous l’œil amusé des enfants qui sont là pour attendre
les résultats
des examens dans
la classe supérieure.
Evidemment, nous sommes un peu cabotins et, Maryse à la baguette,
nous ne
résistons pas au plaisir de chanter notre grand succès
"Alouette"
à ce public nombreux et qui nous semble déjà
acquis ! Roger pose pour nos objectifs parmi ses nombreux fans. Un
de nos porteurs joue les singes
en grimpant dans un bambou géant
et se
taille un beau succès.
Nous reprenons notre route a vers Khanchoc, lieu de notre prochain bivouac.
Sunar décide d’installer le camp avant
le village dans une orangeraie
située
sur deux terrasses.
Certains d’entre nous se rendent
au village pour acheter
de l’eau minérale et des tongues. Sur le chemin, nous croisons
un
petit garçon aux yeux bleu-vert extraordinaires et dont
le regard est
fascinant.
Je lui offre un stylo où dans
le capuchon, un avion survole les
monuments
de Paris. Il comprend vite qu’en inclinant le stylo,
on peut faire
bouger l’avion. Il appelle
ses copains pour contempler cette petite merveille
de la civilisation occidentale et fait au passage quelques jaloux
(Je lui ai
conseillé de planquer son trésor pour quelque temps). Désaltérés,
nous rentrons au camp où nous attendent un marchand de bière,
le petit garçon aux yeux bleu-vert et deux de ses copains. Avec
le stylo
magique "from Paris", les deux copains écrivent en
népali leurs noms
sur mon cahier
m ais visiblement mon copain ne sait pas
écrire. Alors
à défaut d’écriture, mon stylo le fera rêver à Paris
et à l’avion qu’il ne prendra sans doute jamais…
On nous signale un robinet tout en bas
du village: l’aubaine pour ceux
qui souhaitent faire une "grande toilette" !Avec Daniel, Roger et Sébastien, nous rejoignons au point
d’eau indiqué Brigitte et Frédérique en train de faire leur
petite lessive "à la main".
Elles ne sont pas seules : une jeune népalaise fait aussi
sa lessive, en
utilisant la même technique, et remplit des jarres en compagnie de quelques
enfants.
L’un d’eux dit à Sébastien : "My name is
photo !"
Le nombre de spectateurs ayant quelque peu diminué, nous commençons
à nous
laver sous l’œil amusé des gamins. Cette fois encore, on n’enlèvera que
le haut !Seul Roger s’isole un peu et, profitant de la pénombre, tente le "full Monty".
Bravo! Un jeune garçon essaie mon savon et mon
déodorant mais il faut
lui montrer les endroits à
"désodoriser"
si j’ose dire…Un vieux monsieur
nous explique comme
il peut que ce réservoir d’eau est
destiné uniquement
à la consommation des villageois : trop tard, nous avons fait couler beaucoup
d’eau pour ne laver que la partie supérieure de nos individus!
Entre temps, la nuit est tombée et c’est dans une semi obscurité que
nous
regagnons le campement pour le repas du soir. Au menu : bouillon, pommes de
terre, pizza népalaise et, en dessert, un superbe gâteau portant l’inscription
"Namasté pour tous !"
Martine n’a pas faim et se sent plutôt mal, Maryse paraît
être dans le même cas (Est-ce les vapeurs de pétrole
qui agissent
encore ?)Roger est lui
un peu barbouillé et Daniel pas dans
son assiette. Sunar s’inquiète pour nos petites santés
fragiles.
Il doit craindre que le groupe n’arrive
pas au complet à Laprak
Pendant le dîner, sous notre tente repas, M.Kul Bahadur Basnet nous
parle de Laprak, de ses habitants et des problèmes qui se posent au village.
Christian
16 avril
Campement à Kanchok (à l’orangerie :lever
vers 5 h 30 … dur, dur pour certains. Martine a été malade toute la
nuit, Maryse, qui allait mieux hier soir, est
de nouveau malade… Roger
va mieux,
ainsi que Daniel … Quelle troupe !
Magnifiques paysages avec des cultures
en escalier. Maisons typiques du coin,
en pierres. Les animaux ont des abris avec des murs
en
branchages et des toits en feuilles. Les familles pauvres ont des toits
en foin ou en paille, produit local gratuit. les plus riches ont de la tôle
ondulée, et les " très " riches ont des toits en ardoise et des fours extérieurs
en terre cuite.
Nous passons dans
un village où le ravitaillement
en Coca est de rigueur…
Le village a une "boarding school", et il
a l’électricité
(un groupe électrogène).
Il y a beaucoup de bijouteries, de marchands
de Coca ou Pepsi, selon
les
quartiers. Divers arrêts dans les villages pour se ravitailler en Coca
qui semble devenir LA boisson du trek, remède miracle contre les
estomacs barbouillés.
Arrêt repas: les cuisiniers s’activent !
Le thé au citron rituel
est
prêt. Viande, riz, salade, fromage, pain au fromage, nous ne mourrons
décidément pas de faim !
Les plus malades essaient de faire
un somme pour
récupérer, pendant que Monique, Brigitte et Sébastien
battent quelques cartes à jouer.
J’ai failli oublier le plus important:
les spectateurs! Pendant tout le
repas, des enfants aux yeux bridés très sages – quel changement
par rapport aux enfants vus avant ! nous regardent de leur poste
d’observation . Jo
donne à chacun
une lingette, et ils attendent sagement leur tour en rangs d’oignon,
très très sagement. Jo, Ginette, Bernard, Denise
et Christian
leur apprennent des mots français et Bernard donne une casquette
à un
gamin et lui permet d’essayer ses lunettes. Casquette, bonbon, chapeau,
lunettes que de mots appris en quelques minutes! Départ vers 14 heures… dure
montée sur des escaliers de pierre qui semblent
ne jamais en finir et sous un soleil de plomb… grand coup de chapeau
aux malades! Au sommet des escaliers, un repos bien mérité de quelques
dizaines de minutes . Le tonnerre gronde de l’autre côté
de la montagne… Espérons que nous serons épargnés et que nous ne trouverons
pas la pluie ! Nouveau départ et ô surprise, ô choc, quelle est cette nouvelle vue?
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De nouveaux escaliers! encore plus raides… mais moins longs, heureusement Nous partons en deux groupes,
et le deuxième groupe s’est arrêté, atterré
à l’idée d’avoir encore à gravir tous ces escaliers!
Enfin, nous redescendons et apercevons les tentes qu’on est en train de monter…
Il y a une pièce d’eau, mais la couleur tire sur le verdâtre, alors
le bain
rêvé sera pour une autre fois !
J’ai oublié : il y avait un drapeau maoïste au sommet
de la montagne
(incursion des " rebelles " qui sont hostiles à la royauté
et au régime actuel népalais).
Arrivés au camp, nous attendons nos cuvettes d’eau pour nous laver.
Thé et petits gâteaux…et M. Basnet nous parle
de
son rapport sur Laprak, avec Frédérique
et Christian à
la traduction. Ce rapport est vraiment très détaillé, et nous tombons de
sommeil après tous ces escaliers, alors je vous laisse imaginer la tête de nos
randonneurs français !
"Miam Miam ready !"
Le cri de ralliement est lancé
et tout
le monde se rue sous la tente-repas : soupe aux champignons,
cannellonis légers et vides, frits et froids (durs à avaler), haricots verts,
patates frites, sauces, et pour finir…" chocolate
pudding ".
Pendant le repas, nous apprenons que "merci" veut dire
"paresseux"
en népalais
(ou serait-ce en gurung ?).
Plus tard, au village
de Laprak,
nous aurons la signification comique
de "merci beaucoup"!
Frédérique
17 avril
Ce matin, il fait un peu plus frais mais
le soleil a vite
fait de nous faire enlever nos petites laines; après un petit-déjeuner
toujours aussi copieux. C’est bizarre,
mais aujourd’hui beaucoup ne prennent que du thé et des toasts avec du miel.
Nous commençons par un lente ascension pour sortir
du village avant de
redescendre vers le village suivant. Devant nous l’Himal Chuli et le Bouddha
Himal illuminés par le soleil levant, fermez les yeux …
les images reviennent
…on y est ! La première pause s’impose, au pied
d’un grand
arbre;
aujourd’hui Maryse a retrouvé le moral, Martine se sent
beaucoup mieux, c’est Sébastien qui prend la relève !
Au fur et à mesure
de notre lente montée,
les paysages changent, deviennent plus arides;
les visages sont un peu
différents: on voit beaucoup d’enfants aux yeux clairs;
on sent davantage la pauvreté des habitants. Plus que quelques efforts avant d’atteindre notre coin déjeuner.
Après la pause déjeuner
et un certain nombre de marches, le chemin serpente à flancs de montagne
avant de s’enfoncer dans la forêt; le nez en l’air, on tente d’évaluer
le chemin parcouru mais surtout celui
qui nous reste à faire; le sommet semble
proche mais pourtant il recule à chaque détour, à chaque croisée
des
chemins.
Le groupe s’est scindé en deux; devant, on ne les voit plus ! Sunar semble un
peu inquiet: nous n’avançons pas très vite, avons-nous pris le bon sentier ?
Tout à coup, nous apercevons du bleu entre les branches
des arbres. Pas du bleu du ciel, un bleu plus profond, celui des tentes !
Nous
sommes arrivés.
Nous dormirons ce soir juste avant le col du Darchey, à 2700m d’altitude (nous
sommes partis
le matin de 1800m). Le temps
de reprendre nos esprits,
et nous voilà dans les nuages:
à cette altitude, les soirées
sont fraîches ! Le feu de camp est le bienvenu.
Après le repas (soupe, riz, bananes flambées au raksi !), celles
et ceux qui tiennent encore debout entourent M. Basnet pour une veillée au coin
du feu. M. Basnet se met
à chanter des chansons traditionnelles népalaises. Tout le monde reprend
en chœur. L’ambiance est très chaleureuse ! Quand à ceux qui ont pris rapidement
le chemin des tentes, les chants leur sont parvenus de loin
et ils n’ont pas cherché à retenir les paroles.
Brigitte
18 avril
Bien au chaud dans nos sacs de couchage, nous avons passé la nuit
au col du Darchey, vers 2 800 m d’altitude. Au petit matin, il ne fait pas très
chaud. Encore une journée de marche avant d’atteindre notre but …
6H00 : on nous amène le thé qui nous réchauffe ! Les porteurs s’empressent de
prendre nos sacs pour remplir leurs paniers. Certains portent des "bokus", genre
de capes en laine très serrée qui les protègent du froid, du soleil
et de la pluie. 7H00 : on nous sert un petit déjeuner très énergétique.
8H00 : Après avoir dit au revoir à un groupe de trekkeurs suisses, le départ
a lieu avec une lente montée dans une belle forêt de rhododendrons :
des rouges, des roses, des blancs. La flore
est très belle quoique peu variée. Nous passons devant la pierre qui marque
l’entrée dans
le secteur de Laprak. Un petit arrêt près d’un "mani", petit monument construit
à l’endroit
où on a enterré un mort. Il porte des drapeaux de prière. Deux dames arrivent ,
très propres dans leurs jolis habits. L’une porte un petit mouton dans son
panier, l’autre tricote
en marchant. Elles s’arrêtent et nous observent. Nous lions connaissance et
elles nous disent être de Barpak. Un peu plus loin, une autre rencontre : un
homme jeune porte sur son dos, dans un panier, un vieillard malade, son père
qu’il descend à l’hôpital de Ghorka. Une femme les accompagne avec un maigre
balluchon. 65 km à pied ! Nous n’en croyons pas nos yeux. Nous prenons notre
repas à Nambeh, proche de Laprak. Il fait froid, le ciel s’obscurcit. Sunar
retrouve sa grand-mère qui vit là quand ses bêtes sont à l’alpage. De jeunes
enfants parés de fleurs de rhododendron nous regardent avec curiosité. Nous
repartons à travers les alpages
et suivons un chemin escarpé sur le flanc de la montagne.
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