LES AMIS DE LAPRAK

 


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 TREK A LAPRAK 2001

En préambule
Tout a commencé il y a six ans déjà, hasard des rencontres, par une amitié, née le long des chemins escarpés de Panauti et de Namo Bouddha,
dans la lumière multicolore du printemps népalais. Le rêve généreux de Sunar, lui qui n’est jamais allé à l’école, était que tous les enfants de son village puissent étudier, apprendre à lire, à écrire dans la langue de leur pays, voyager en esprit avec leurs instituteurs, connaître l’autre versant des choses, accéder à ce qui est au-delà des montagnes familières, au-delà d’un quotidien difficile, tremper leur plume dans l’encre d’un futur plus heureux et lire
sur le tableau noir l’espoir d’une vie digne et sereine. Ce beau rêve serait-il en train de devenir réalité ? L’appel de Sunar a porté loin, très loin, par dessus
les sommets immaculés de l’Himalaya, plus loin que les 8000 km inscrits sur la pancarte " Montbéliard AFIFC 1998 ", plantée par Bernard à l’entrée
de l’école,au milieu des cris joyeux des écoliers.
Cinq années plus tard, grâce à vous tous, amis de près ou de loin, qui nous avez entendus, suivis fidèlement, accordé votre confiance, votre aide
et vos encouragements, plus de 300 enfants laprakis sont désormais scolarisés dans des conditions, certes précaires, mais que nous cherchons tous
à améliorer, patiemment, avec espoir et détermination. Un vaste réseau d’amitié, de générosité et de connivence s’est peu à peu construit autour
de ce coin perdu et austère du pays Gurung.
Dhan Bahadur, Bis Maya, Rajesh, Bebo, Shankar… chaque enfant parrainé sait que quelque part, loin de son village, de sa pauvre maison, dans un ailleurs mystérieux qu’il ne connaîtra sans doute jamais, quelqu’un, son parrain, sa marraine, pense à lui, lui témoigne un peu d’intérêt, de tendresse et d’affection.
Cette grande famille des gens de bonne volonté ne connaît pas les frontières des hommes : Beaucoup sont montbéliardais, franc-comtois ou viennent
des quatre coins de France ou d’ailleurs, de Suisse, de Suède, de Grèce, du Luxembourg, d’Italie, des Etats-Unis, du Canada… même de l’Inde.
Que tous soient remerciés ici très chaleureusement !
Ces modestes feuillets n’ont d'autre prétention que relater notre aventure 2001, fixer sur le papier de beaux souvenirs et des moments d’émotion intense, même si les mots sont souvent comme des grelots vides où manque ce qui sonne. Peut-être donneront-ils à ceux et celles qui les liront l’envie de mettre
de bonnes chaussures et de marcher avec nous sur les sentiers lumineux du Népal, à la rencontre de la solidarité, du partage, de la joie d’être ensemble
et d’œuvrer à quelque chose de beau…… à la rencontre des enfants de Laprak.
Le trek que nous vivons chaque année n’est sûrement pas qu’un simple voyage touristique, une agréable balade sportive dans un décor grandiose :
c’est mille fois plus fort pour qui sait regarder l’autre et laisser parler son cœur. C’est avant tout une belle aventure humaine au cours de laquelle
nous oublions nos exigences, nos certitudes, nos habitudes confortables pour essayer de partager la vie simple des porteurs, des villageois, des enfants
qui nous donnent une leçon de vie, de dignité, qui méritent notre respect, notre estime et notre amitié. En effet, ce sont de vrais amis à qui nous rendons visite. Nous leur donnons un peu de notre argent, de notre temps mais ils nous le rendent au centuple en nous offrant ce qui ici devient rare : la simplicité authentique, la chaleur du cœur, la force solidaire des rapports humains, le sens du partage, le dépouillement d’une vie, simple, dure mais digne, sans vains artifices, loin des gadgets, du factice et du virtuel. On ne revient jamais tout à fait indemne de Laprak, mais sûrement plus riche, plus lucide et plus serein.
Pour terminer, permettez-moi de dédier ce petit livret collectif à la mémoire du jeune Lekh, à qui tous les " Amis de Laprak " portaient une affection particulière et qui malheureusement n’a pu attendre… La maladie a frappé et il nous a quittés un jour ensoleillé de juillet dernier. Il est parti rejoindre,
dans la fumée des bûchers de Pashupatinath, le Paradis de Padmasambawa mais il restera à jamais dans nos cœurs comme un symbole radieux de Laprak.
Christian Guillemot

                                                                                       Quelques photos

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

14 avril
Nous voici réunis sur le quai de la gare de Belfort, nos sacs à dos, sacs
de voyage déposés sur le sol, les retrouvailles sont chaleureuses, l’équipe est à demi complète, nous retrouverons l’ensemble du groupe au départ d’Orly. Arrivés à l’aéroport aux environs de 15 heures devant le comptoir
de la compagnie aérienne Biman, enregistrement des bagages, puis attente interminable. Après les formalités d’usage, nous embarquons à bord
d’un DC10 de la Compagnie Bangladesh Airlines, destination Dacca.
20 h 45 :décollage…
15 Avril
3h du matin, altitude 37 000 pieds, température extérieure -46° C, vitesse 640 mph, la visibilité est excellente.
Le jour se lève et déjà nous apercevons les premières chaînes de montagnes par temps clair, la vue est incomparable : sur la gauche
se profilent dans le lointain les montagnes enneigées et sous l’appareil
se déroulent les cours d’eau. Nous reconnaissons les sommets de plus
de 8000 m dont les fameux Anapurnas et l’Everest (observer le plus merveilleux spectacle de la nature est un privilège rare). Dans l’avion le mot "Himalaya " se répand comme une traînée de poudre, les passagers s’agitent. Isabelle a eu la gentillesse de me céder sa place auprès
d’un hublot au départ d’Orly. En progression le long de l’interminable chaîne Himalayenne, l’appareil approche de Dacca, Capitale du Bangladesh,
plate-forme importante du Golfe du Bengale et du Sud-Est asiatique.
L’atterrissage est toujours un moment impressionnant , puis nous nous retrouvons en salle de  transit. Notre prochain avion : un Airbus A310.
Cap sur Katmandou : chaleur et humidité règnent sur la piste d’envol, le ciel bas est gris. Décollage parfait. Vol sans histoire, la visibilité est nulle. Aéroport de Katmandou : nous récupérons nos bagages à la sortie
et sommes accueillis par toute l’équipe de "Trinetra Adventure" avec,
à leur tête, notre Ami Sunar, une jolie Népalaise (Lalmaya, la femme
de Sunar) nous passe autour du cou un collier de fleurs en signe
de bienvenue. A vive allure et à grands coups de klaxon, notre minicar slalome dans la ville, force le passage entre les pousse-pousse
et les vaches immobiles au milieu de la route. On a beau s’y attendre,
c’est vrai, la vie ici s’est arrêtée au Moyen Age, le plongeon est immédiat, quel choc ! Un brin de toilette, et le temps de mettre un peu d’ordre
dans nos sacs, d’échanger quelques dollars contre des roupies et nous voilà de retour en ville. Ce qui frappe le plus à Katmandou, c’est la présence
du Sacré. La soirée est consacrée à la visite des monuments historiques
et culturels " de Durbar Square " commentée par Christian : le Palais Royal, puis une visite de la maison-temple de la Déesse vivante Kumari,
la réincarnation de Taleju. Dans la cour intérieure, nous avons attendu en vain l’apparition à sa fenêtre. Sur la place, une vieille pagode s’impose
à la vue, c’est le temple de Taleju qui remonte aux premiers temps.
Soirée chaude et calme à Katmandou, alors qu’il neige à Belfort.
Nous dînons dans un restaurant tibétain où nous partageons la salle avec
un groupe bisontin en partance pour le tour des Annapurnas avec Trinetra puis toute l’équipe rallie l’hôtel Harati pour prendre un dernier verre à la belle étoile. Notre journée s’achève avec des images plein la tête, une bonne nuit de repos et demain… l’aventure commence ! !
Denis Courtot

16 avril
Après une nuit réparatrice, l'aube arrive tôt sur Katmandou, et dès 6 heures du matin, le cortège de motos pétaradantes, rickshaws ( ou pousse-pousse si vous préférez! ) et les bruits de la rue ressurgissent des ténèbres …Katmandou s'éveille! …Nous nous retrouvons dans le restaurant de l'hôtel Harati, et petit à petit les Frenchies s'installent à table avant d'aller
se servir d'un déjeuner-buffet à volonté.
Il a été décidé que les "anciens" du trek de l'an dernier iront visiter Patan, et que les nouveaux dont je fais partie resteront sur Katmandou
pour une visite des sites les plus marquants de la ville…Nous avons laissé nos colliers de fleurs dans les chambres, la fatigue du voyage et des heures d'attente à Dacca, mais le jardin et le parc de l'hôtel où nous sommes
est une invitation à lézarder sous un soleil déjà brûlant!
Anup sera notre guide et le minibus qui nous attend laisse à peine le temps
aux deux fumeurs du groupe de goûter à leur meilleure cigarette,
celle du matin !Dès que le minibus s'engage dans la rue, Katmandou s'offre
à nos yeux ébahis par l'activité des commerçants, dans leurs boutiques
à même la rue, ouvertes sur les regards des passants et le spectacle est là, dans ces quartiers de viande que l'on découpe dans les fumées d'échappements, dans les monceaux de beignets empilés sur des étagères
de papier gras, les tissus colorés des boutiques des tailleurs, qui volent
au vent, les SDF encore endormis sur Ikhapokhari, les femmes et les enfants fouillant des dépôts d'ordures pour y trouver de quoi recycler ce qui
est encore en état, des enfants en uniforme allant à l'école, une vache sacrée égarée et créant un début d'embouteillage…
Nous arrivons à BODHNATH, un des sanctuaires du bouddhisme tibétain, peuplé de réfugiés ayant fui l'invasion chinoise au Tibet. La couleur pourpre des moines bouddhistes se détache des passants de la ruelle qui nous amène au Stupa, le temple bouddhiste à cinq terrasses où les yeux du Bouddha nous fixent dès notre arrivée…La place circulaire qui entoure
le temple est jalonnée de boutiques d'objets tibétains, où nous irons exercer un peu plus tard notre aptitude, ou pas! , à marchander les prix pour obtenir statuettes, colliers, bagues et parchemins, mandalas et encens,
et l'incontournable baume du Tigre, selon moi fabriqué en Chine, mais là n'est pas la seule raison de notre venue ici. Anup nous explique l'architecture du Stupa et son symbolisme, dans un français impeccable, nous ne le connaissons pas encore, mais sa gentillesse, et sa patience
avec nous sont déjà évidentes. Nous faisons lentement le tour du temple. Des pèlerins font tourner les moulins à prières, alors qu'un d'entre eux arpente sous nos yeux le chemin qui borde le temple, fait quelques pas
et se prosterne face au cœur du Stupa et s'allonge face au sol, de tout
son long. Quelque part s'élèvent les voix graves et incantatoires des moines bouddhistes d'un temple où nous irons tout à l'heure. Un haut-parleur diffuse des incantations et la silhouette du temple et les prières imprimées sur des tissus colorés volant au vent nous plongent dans une atmosphère
si différente des lieux de prières d'Occident.
Si cette ambiance saisit certains d'entre nous, d'autres futurs trekkers
sont déjà dans les achats de souvenirs à rapporter en France, et comme des enfants, font état de leurs trouvailles et des prix qu'ils en ont retiré!
De mon côté, j'essaie de capturer l'ambiance du lieu et mon appareil photo se déchaîne sur cette lumière qui inonde la coupole du Stupa du sommet duquel certains arrosent le lotus symbolique du temple d'une peinture jaune-orangée pour y dessiner en de longues coulées ruisselantes les pétales
de la fleur représentant la pureté de l'homme ayant connu l'Eveil, le Bouddha …Certains d'entre nous se risquent à entrer dans un monastère donnant
sur la place où trône le Stupa, et avancent entre deux rangées de moines chantant des incantations, le bras levé et après avoir versé quelques roupies dans un tronc destiné aux offrandes du public, face au portrait
du Dalaï-Lama et d'une statue recouverte d'or du Bouddha, en ressortent copieusement arrosés de riz en signe de bénédiction…Des impressions inoubliables…La seconde partie de notre visite de Katmandou va nous amener à PASHUPATINATH, toujours à l'est des environs de la ville,
et qui est le lieu sacré de crémation du Népal, on pourrait comparer ce site à Bénarès, en Inde .
Ici ne coule pas le Gange, mais la rivière Bagmati, dont les eaux sacrées recueillent et emportent tout comme celles du Gange, les cendres
des défunts. Alors que BODHNATH est consacré au bouddhisme tibétain, PASHUPATINATH nous plonge dans le décor de l'autre grande religion
des Népalais, l'hindouisme. La veille, Christian nous en avait donné
les fondements et dépeint quelques nomsde divinités, lors de notre première ballade sur Durbar Square; aujourd'hui… démonstration!…Nous arpentons une rue très animée et bordée de boutiques consacrées pour la plupart
au culte des morts, mais ce qui fait la différence ici avec nos bondieuseries occidentales ce sont les couleurs vives et chatoyantes des guirlandes
de fleurs fraîches tressées et assemblées sous nos yeux, les pigments
qui servent à colorer les tissus flashent dans la lumière du soleil de midi,
des odeurs d'encens et de nourriture s'entremêlent dans l'air, difficile d'imaginer qu'à quelques mètres de nous des personnes défuntes sont
en train d'être incinérées sur les rives de la Bagmati . Un peu plus loin,
le Golden Temple et son porche d'entrée nous font entrevoir l'énorme statue d'un taureau recouvert d'or, mais malheureusement, l'accès est interdit
aux non-Hindous, et nous en sommes! Des gardes surveillent l'accès
à la cour où se trouve la statue, et il est inutile de forcer le passage!
Enfin, nous accédons à un pont qui nous emmène de l'autre côté
de la rivière et la vue de tout le site s'offre à nos yeux, l'impression
est à la fois étrange, fascinante et a de quoi nous glacer le sang…
En contre-bas, nous apercevons les bûchers de crémation, les "ghats",
où une personne est en train de brûler, la fumée monte dans l'air libre,
et la famille reste autour recueillie dans la prière…Tout à côté, un cadavre enroulé dans un linceul coloré, attend d'être incinéré lui aussi sur un autre bûcher, et un peu plus loin, des offrandes à la rivière sont faites par une famille dont un membre apporte à plusieurs reprises des hottes en osier remplies de fleurs orangées et rouges, et les verse dans l'eau grise
et sombre de la Bagmati…Certains d'entre nous se demandent s'il faut prendre des clichés de ce que nos yeux ne peuvent éviter du regard, certains "shooteront" sur les incinérations, d'autres ne le feront pas…
Nous nous sommes rapprochés de quelques sadhu, ces ascètes enduits
de cendres qui ont fait vœu de renoncement au monde; ils portent
en tatouage ou sous forme d'un objet, le symbole du Trident et nous savons (depuis peu pour tous les nouveaux!) qu'ils ont mis leur dévotion au service de Shiva .De l'endroit où nous sommes, nous apercevons face à nous
les toits dorés des nombreux temples avoisinants et tous portent le même trident à leur sommet. Ensuite nous continuons à remonter la colline où
une succession de petits monastères et temples jalonnent le parcours
et l'endroit semble habité plus par les singes que par les hommes.
Mais nous avons été repérés par des enfants et quelques adultes qui ont flairé le touriste en mal d'exotisme! Certains objets qu'ils nous proposent sont effectivement superbes, notamment des tapis tressés en grosse laine, mais les prix ne sont pas trop népalais dans l'âme! Annie, par sa douceur de tous les instants est la cible d'enfants auxquels elle a bien du mal de faire face, et ceux-ci ne la laissent pas tranquille jusqu'au bus où nous allons embarquer pour la prochaine destination…Va-t-elle craquer pour quelques pacotilles? Oui?! Non?!…Finalement non, Annie a résisté, mais pour combien de temps encore?!!!…..La chaleur continue à s'accentuer ( clin d'œil
au temps qu'il fait à Montbéliard où il a, paraît-il, neigé !) lorsque après avoir repris le minibus, nous faisons route et arrivons peu après à BHAKTAPUR (encore appelée BHADGAON) , fondée au 12ème siècle, et autrefois capitale royale de la vallée de Katmandou. Son nom se traduit par "La Cité des Dévots" en népali .
La ville est une concentration incroyable de temples, de palais
et de maisons anciennes et superbes, aux fenêtres sculptées dans le bois, l'absence de vitres étant remplacées par des dentelles de bois sculpté, vraiment surprenant tout ça ! Nous ne manquerons pas de photographier
la plus belle "vitre" en bois, la Mayur Jhyal, sculptée sous la forme d'un paon faisant la roue…de toute beauté. Nous entrons sur Durbar Square,
une immense place gardée par deux statues colossales de lions. La place
est entourée de temples monumentaux, dont le temple Batsala, le temple Siddhi Laxmi, le temple Yakscheswor, Chardham et Terracota .
 

L'absence de voitures sur la place et dans les rues de la ville sont
un bonheur pour nos oreilles encore mal remises des tumultes fumeux
et pétaradants de Kathmandou!
Grâce aux explications d'Anup, ces monuments prennent tout leur sens
et au hasard des promenades nous découvrons aussi le palais royal
et les bains royaux, la Porte d'Or qui resplendit au soleil de midi et le temple
de Pashupatinath, célèbre pour ses figures érotiques sculptées dans le bois…et tout près desquelles nous allons nous rincer …la gorge, car il fait de plus en plus chaud!
Nous n'avons que peu de temps encore avant le départ pour Gorkha demain, aussi la fièvre des souvenirs s'empare du groupe qui se disloque un peu pour pouvoir effectuer nos achats, pour une bonne heure encore avant
de retourner à l'hôtel. Nous prenons néanmoins le temps de déambuler dans les rues avoisinantes, peuplées de touristes de plusieurs pays, mais ce sont les Népalais qui sont encore les plus nombreux, heureusement.
Au bout d'une heure et demie et d'un orage pas trop méchant, nous nous retrouvons tout près de la porte aux Lions, et chacun y va de ses p'tites emplettes marchandées au plus bas, bien entendu, sauf peut-être
pour Annie, qui, une fois de plus, n'ose faire baisser les prix et pousse
des oh… et des ah… d'étonnement quand elle nous voit marchander
dans les rues de la ville! Michèle, par exemple, à qui un jeune Népalais essaie de revendre un Khukri, sorte de long couteau gainé de bois sculpté
et de cuivre, un bel objet somme toute, pour la modique somme de US$ 200 ( soit 1400Frcs ) verra le prix fondre au soleil par mon intermédiaire
sur le trajet à pied qui nous ramène au bus, et malgré son refus de l'acheter parce que, selon elle, c'est une pacifiste, le couteau finira par être vendu 400 roupies népalaises, soit 40 Frcs…en désespoir de cause, car Michèle
est et restera toujours pacifiste jusqu'à l'intérieur du bus !!!
Puis c'est le retour à Katmandou, et le minibus qui nous laissera à quelques centaines de mètres de l'hôtel pour je ne sais quelle raison, fera une fois
de plus notre bonheur, car c'est décidé, Michèle, Eyup et votre serviteur
ont décidé de frapper fort une fois de plus, et nous engrangeons
dans nos sacs en plastique noir, pantalons multicolores, penjabis, tuniques, puis c'est le tour d'un marchand de parchemins et de lampes en batik chez qui le marchandage se terminera à la bougie, et le commerçant bavard
et convaincant au départ, la tête entre les mains à l'arrivée, n'y comprenant plus rien sur ce qu'il est en train de nous vendre, à prix sacrifiés!
Les bras chargés de souvenirs, nous arrivons à l'hôtel, après avoir arpenté
des rues sans le moindre réverbère, dans un dédale indescriptible
de rickshaws, de voitures et de passants, le tout dans un air saturé
de fumées d'échappement et de coups de klaxons, la vision est apocalyptique dans cette pénombre, et l'adrénaline à son taux maximal!
Nous retrouvons l'ensemble du groupe dans le salon de l'hôtel, au calme,
et après avoir comme tout un chacun, délesté son lot de souvenirs
et d'achats de la journée dans les chambres de l'hôtel, nous décidons d'aller nous sustenter dans un restaurant populaire, qui n'a rien à voir avec
le restaurant tibétain de la veille, mais la nourriture y est chinoise, copieuse et plutôt correcte. Le moment est venu pour chacun de raconter sa journée
et ses impressions, et l'atmosphère est bavarde, conviviale et relaxante
Puis c'est le retour à l'hôtel, enfin pour certains, car Eyup n'a pas dit
son dernier mot pour faire un peu de "late shopping" et finalement, la nuit va être courte, car demain commence le trek, et nous devons prendre le bus jusqu'à Gorkha. Katmandou semble s'être véritablement endormie,
il est bientôt minuit. Extinction des feux….Bonne nuit !
Jean-Luc Dey


17 avril
Ce matin est différent : nous partons pour le trekking… et Laprak. Regret
de Katmandou, entrevu seulement – nous retrouverons la ville dans dix jours. Mais le sentiment dominant a pour nom impatience ! La chambre Michèle-Christine s’est donc réveillée très tôt, pour ranger les bagages
de ville et préparer les nouveaux sacs, avec force questions réciproques
sur ce qui sera… très nécessaire… ou seulement utile… ou peut-être agréable. Je n’ai pas l’expérience des longues marches, et admire l’organisation du sac de Michèle. Lorsque nous descendons pour le petit déjeuner à l’heure fixée, 7 heures, surprise : une grande partie du groupe
est déjà installée; l’impatience ne nous est donc pas réservée ?
Le départ se fait attendre, et le hall de l’hôtel Harati, bruissant
des bavardages des apprentis trekkeurs, semble trop petit pour hommes
et sacs. Enfin le bus, qui nous attendait devant l’entrée de l’hôtel,
est chargé. Départ à 8 heures 30, avec pour chef accompagnateur Anup – Sunar, parti plus tôt avec le matériel, nous retrouvera à Gorkha.
Le ciel est très clair, l’air encore frais. Cap vers l’ouest. Il nous faut d’abord traverser la vieille ville, contempler une fois encore le spectacle de la rue népalaise, animée d’une foule colorée, nous faire un passage
dans ce grouillement de véhicules à deux, trois, quatre roues. Un peu plus tard, on respire un peu mieux sur de larges boulevards, occupés cette fois par ces drôles de camions, tout " enguirlandés ", comme pour une fête quotidienne. La route qui quitte la vallée de Katmandou conduit à un escarpement dont on redescend par une succession de virages en épingles
à cheveux plutôt impressionnants. Le bus roule vaillamment, malgré
sa charge, et la route, longeant la large vallée de la Trisuli, traverse nombre de hameaux et villages.
Sur les tronçons plats, poussent blé et orge. Il commence à faire très chaud. Soudain, bruit étrange annonciateur, on s’arrête : un pneu du bus est crevé ! Pendant que le jeune garçon qui avait, avec vigueur, aidé
à la circulation de notre véhicule dans les artères de la capitale, part dans un village proche à la recherche d’une chambre à air, nous explorons
les lieux : quelques maisons de part et d’autre de la route, la rivière en contrebas, où je vois descendre deux tout petits gars, l’un, marchant sans doute depuis peu, pieds nus et les fesses à l’air. On est vite autonome, lorsqu’on est enfant au Népal ! Le temps passe. On décide d’aller
se désaltérer dans un petit café, juste en face de notre arrêt forcé.
Un petit perroquet, dans sa cage, va distraire les voyageurs des ennuis mécaniques. Notre oiseau amuse beaucoup Anup… Lorsque nous repartons, une bonne heure plus tard, le ciel s’est couvert. Arrivée vers 13 heures
à Mugling, gros bourg où nous devons déjeuner. C’est le premier Daal Bhat, prestement servi dans une grande salle. D’aucuns diront que ce Daal Bhat là a fortement compromis leur santé à venir. Et lorsque nous faisons mine
de quitter la table, une chèvre de bonne taille, qui paraît avoir ses entrées dans le restaurant, vient sous notre nez finir nos assiettes…
Arrivés vers 15 heures à Gorkha, siège ancestral de la dynastie des Shah, cette dynastie – j’écris ces lignes en juin – vient d’être sérieusement décimée dans une tuerie qui pourrait bien ressembler à un coup d’état.
Revenons à nous : nous attendons en haut de la ville Sunar et les porteurs. Hélas, ceux-ci ne sont pas au complet, le portage du matériel divers destiné à Laprak nécessitant un grand nombre d’hommes, et l’on craint d’être obligé de rester une nuit à Gorkha. Il est finalement décidé de rejoindre
le premier campement avec les porteurs qui sont là, et pour la première fois, nous assistons aux préparatifs qui seront, pendant dix jours, notre vision quotidienne : chaque porteur arrime sur son dos un imposant chargement,
se relève plus ou moins difficilement et, parfois pieds nus, parfois
en tongues, nous précède, et à quelle allure ! sur le chemin à gravir.
Scène de chaque matin, que je ne vis pas toujours facilement…
La montée tranquille dure à peine trois quarts d’heure et nous arrivons
sur un petit plateau, dominé par le palais du roi Narayan Shah. Très vite
les tentes sont montées, déjà les cuisiniers s’affairent, et c’est le premier thé en plein air. Des enfants, curieux, sont bien vite là à nous regarder, comme ils le seront à chaque campement proche d’un village.
Certains entourent Alain qui a sorti son livre en népali. L’un d’eux, yeux magnifiques presque clairs et blouson étoilé de trous et de taches, sait très bien lire aux dires d’Alain. Un peu plus tard, nous sommes quelques-uns
à faire la petite ascension du château.
Avant le repas du soir (je me souviens d’un excellent gâteau, inattendu,
en dessert), chacun scrute l’horizon, espérant y découvrir la chaîne himalayenne. Ce sera peut-être pour le lendemain ! La nuit semble douce,
le ciel est très lumineux, et Denis nous donne notre première leçon d’astronomie. Michèle décide de bivouaquer, Cathy et Eyup font de même. Seule dans ma grande tente, cette nuit-là, je prends conscience que,
cette fois, nous sommes vraiment " ailleurs ". Grand silence de cette première nuit avant, au petit matin, le grondement de l’orage.
Christine Reiser

18 avril
Nous nous réveillons très tôt (5 heures 30) avec le chant des oiseaux
et le tonnerre ! La pluie menace…Cathy, Eyup et Michèle ont dormi à la belle étoile et qu’elles étaient belles ces étoiles ! D’ailleurs nous avions eu la veille des précisions sur la voûte céleste par notre astronome Denis.
Avant de prendre notre petit déjeuner, nous procédons à la " loterie "
pour les porteurs ; cette loterie a lieu traditionnellement en fin de trek,
il y en aura donc deux pour ce trek (en fait c’est pour se délester d’un chargement de vêtements collectés par Alain B).
Il pleut cette fois, mais il faut quand même partir. Notre marche débute
par quelques glissades et dérapages dus à l’averse qui devient de plus
en plus forte. Nous devons même faire une pause pour nous abriter dans
une bergerie. Avec nos larges capes de pluie, nous ressemblons à des toiles de tente ambulantes. Les terrasses sous la pluie sont magnifiques ; le vert tendre du maïs tranche avec l’ocre de la terre. Nous arrivons à Sundalabari pour le repas de midi et là, notre charmante équipe nous a préparé
une succulente orangeade. Nous sommes installés près d’une maison abandonnée qui servira pour l’occasion de cuisine. Au menu, nous avons
une salade de choux, carotte, un peu de jambon, du fromage de yack
et de la mangue en dessert. C’est exquis comme toujours.
La pluie est incessante mais nous devons avancer. Nous faisons une petite pause à Gyampesal où un joueur de sarangui nous accompagne pour chanter " Resam Firiri " et " Frères Jacques " (en canon, s’il vous plaît).
Nous poursuivons et c’est sous le soleil de plomb cette fois que nous entamons une de nos premières " ascensions " népalaises.
Arrivés à Moulawari (lieu de notre second campement), nous admirons le site splendide et en profitons pour nous ressourcer. Denis, toujours en grande forme, donne un cours de gymnastique aux enfants gurungs du village proche. Nous rejoignons ensuite nos tentes pour nous relaxer
et nous remettre de cette longue journée de marche avant d’aller savourer notre repas du soir, que nous finirons d’ailleurs par un excellent digestif
du Haut-Doubs, délicate attention de Cathy qui décidément pense à tout.
Isabelle Oulikian

19 avril
Réveil à 5 h 35.
Le temps est superbe. La plate-forme sur laquelle nous campons constitue
un excellent observatoire. Devant nous, les cimes enneigées d'Himal Chuli, de Ngadi Chuli et d'une partie du massif des Ganesh Himal.
Derrière, plusieurs étages de "collines" se dessinent, séparées
par des écharpes de brume bleutée qui soulignent leur moutonnement. Quelques appareils photo crépitent.
Les préparatifs du matin ont déjà acquis les automatismes d'un rituel : premier thé (tiya) servi sous l'auvent de la tente, suivi de la bassine d'eau tiède (la source a été chiche ce matin : la toilette est rapide,
on fera mieux à Laprak) ; les affaires entassées dans les sacs et les sacs bouclés, les tentes sont bien vite repliées et déjà emportées

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


RECITS DE VOYAGE
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