TREK A LAPRAK 2002 (SUITE)

 
et se réunit sur la " place ". Nous sommes entourés de nos porteurs
et de dizaines d’enfants. Barpak est un des villages les plus " riches "
du district de Gorkha ; d’ailleurs les maisons ont l’électricité, chose très rare dans les autres villages que nous avons traversés. Pendant que nous buvons de la San Miguel, Françoise, Jocelyne et Anaïs montrent aux enfants comment jouer à la marelle. Puis c’est au tour de Saila qui essaie
et qui gagne du 1er coup, et enfin au tour de Sunar et de Christian qui font rire tous les enfants. Cathy est attendrie par un petit bébé aux fesses nues et le prend dans ses bras.
Le ciel se dégage petit à petit et bientôt on aperçoit les 1ers sommets,
dont celui  du Boudha Himal (6700 m).
L’heure du repas approche et nous rentrons au camp. Le dîner est fameux : momos de légumes et beignets de choux-fleurs. C’est un vrai régal.
Nous finissons par le Pastis et les œufs de Pâques apportés par Georgette. Christian nous explique un peu le programme du jour de notre arrivée
à Laprak. Je tiens à préciser en passant que très souvent Chandra
et Marsingh ont passé leur temps à surveiller nos tentes et même pendant
la fête de Laprak le dernier soir. Je crois qu’ils peuvent vraiment être remerciés pour ça, parce que c’est un travail dans l’ombre et qui a toute
son importance. Chacun étant bien fatigué par sa journée de montée,
ne tarde pas à aller se coucher pour débuter demain une nouvelle journée
de montée qui fêtera notre arrivée à Laprak. Ce sont pour moi les plus belles et les plus enrichissantes vacances de ma vie ; chaque jour est
une découverte de nouvelles choses, de nouveaux paysages, de nouvelles personnes, de nouvelles émotions, toutes les plus remuantes que les autres,
et l’apothéose de tout cela est bien sûr l’arrivée à Laprak. Je suis bien sûr décidée à renouveler cette expérience et je remercie en passant tout
ce que Christian, Sunar, et Alain font pour le bon fonctionnement
de l’association et du voyage.
Line

4 avril
Cette nuit, à Barpak, les chiens n’ont pas cessé d’aboyer, et les yeux
de certains sont gonflés par la fatigue. Ce n’est rien, car aujourd’hui nous atteindrons notre but.
Les plus matinaux d’entre nous ont pu observer une procession conduisant certainement au cimetière. Les  autres émergent un peu plus lentement,
et tous se retrouvent autour d’un petit déjeuner consistant composé
de porridge, d’œufs toastés et de pain grillé. Il n’est pas inutile de prendre des forces car aujourd’hui encore, la montée sera "raide ". Nos amis laprakis, sensibles à notre inadaptation au terrain, redoublent de prévenance
à notre égard, et nous sommes plusieurs à accepter qu’ils prennent notre charge en plus de la leur ! Nous nous sentons tellement honteux, tellement petits ! Un premier arrêt s’impose au temple : des moines bouddhistes
sont occupés à prier, leurs chants ajoutant au charme de l’endroit.
Nous poursuivons nos efforts vers le mani du grand-père de Sunar (sa pierre tombale) qui se situe au col du Pussu. Le brouillard est dense et ne permet pas de voir au loin. Les rhododendrons, nombreux cette année, sont abîmés par la grêle. Nous voilà au dessus de Laprak (à 1h environ),
où nous effectuons la pause " déjeuner ". Bien sûr, quand nous arrivons, tout est déjà prêt, et les attentions de l’équipe Trinetra, qui nous touchent toujours, ne nous surprennent plus. Au menu :beignets de pain (délicieux !), pommes de terre grillées, choux, thon et salade de fruits. Nous ne nous attardons pas car à présent chacun est impatient d’arriver à Laprak.
Ce village chéri est notre motivation et l’excitation qui monte peu à peu nous fait oublier la difficulté de la descente. Ça y est, nous apercevons l’école ! La descente est de plus en plus lente car nous souhaitons arriver groupés. Au loin, déjà les enfants se placent en labyrinthe pour nous faire une haie d’honneur, d’autres courent à notre rencontre, nous offrant
une fleur, un sourire, un Namasté, souvent les trois. L’instant est fort, magique, et tous les efforts que nous avons fourni pour y parvenir
sont oubliés !Nous atteignons la porte du village, le drapeau " welcome, namasté " est en place. Rajendra nous attend, nous étreint et nous barbouille de la traditionnelle poudre rouge de bienvenue, et nous voilà partis dans un tourbillon de fleurs, de rouge, de larmes et de sourires.
 Cette fois-ci, l’émotion est à son comble, et c’est un grand moment
de bonheur ! Certains reconnaissent leur filleul…Quelques minutes
pour reprendre nos esprits et nous voilà assis dans le bureau de Rajendra avec toute l’équipe enseignante de Laprak.
Chacun se présente et tente de mettre des mots sur ses sentiments.
Nous rencontrons les nouveaux instituteurs. Pendant ce temps, l’équipe Trinetra s’affaire à monter les tentes dans la cour de l’école,
afin que chacun puisse s’installer à son aise. Les uns se reposent, d’autres se lavent, Jean-Paul confie ses pieds endoloris à de gentils villageois
qui y appliquent des herbes dont ils ont le secret. Entre les 2 cours
de l’école, les laprakis ont construit un superbe escalier. Le bâtiment commencé l’an dernier est presque achevé, et il est magnifique !
A 18h, Christian, Alain et Bernard rejoignent les " notables " du village
pour une réunion bilan de l’action de l’association à Laprak.
Enfin, tout le monde se retrouve au " bar des français " autour d’une San Miguel, avant de déguster le repas préparé par Ram et son équipe.
Ce soir, c’est le cœur débordant d’émotion que chacun se couche.
Notre séjour à Laprak commence seulement…
Cathy

5 Avril
Réveil, ouverture de la tente… Oh ! surprise ! le temps est dégagé
et nous voyons des sommets couverts de neige que la brume, qui tombe
dès la mi-journée, dissimulait hier à nos yeux lors de notre arrivée…
Notre horizon, par contre, est vite bouché par des petites têtes curieuses qui jettent un œil dans la tente pour tenter d’apercevoir… je ne sais quoi d’intéressant.
Après le petit-déjeuner, Françoise et moi provoquons un attroupement autour de notre " Beauty Salon ! " : nettoyage de visages à la lingette,
puis pommadage avec la Neutrogena fournie par Philippe pour hydrater
les peaux sèches. Un moment de douceur et de complicité qui a dû être apprécié puisque le lendemain, certaines femmes et leurs enfants sont venus en redemander…Soudain les choses se précipitent, toute l’assemblée semble mystérieusement attirée vers la cour du bas . Que se passe-t-il ?
On vient d’annoncer la remise à chaque enfant scolarisé du petit cadeau
de l’association : cette année, un savon, une brosse à dents et un tube
de dentifrice. La cour se remplit, les enfants se rangent en file devant leur instituteur et, au signal, se mettent à effectuer la gymnastique de mise
en forme matinale avant de s’asseoir, toujours en file (népalaise ! !),
pour attendre patiemment leur tour. Commence alors un long défilé, élève par élève, classe par classe, devant Anaïs, Guillaume et moi-même,
assis sur une bâche recouverte d’une montagne de chaque article.
Les grands semblent familiers de cet exercice, mais les plus petits, intimidés, se trompent de sens, oublient une partie de leur " chargement ", gentiment houspillés par Sunar qui tente, sans succès, de faire accélérer la manœuvre.
Suit une séance de photos individuelles pour montrer à certains parrains restés en France combien leur filleul a grandi.
Le " Beauty Salon " reprend ses activités, pour ma minette, Bis Maya,
que je n’avais pas vue plutôt le matin, retenue, sans doute, par des tâches maternelles. Tout cela a lieu sous le regard des villageois adultes, assis
sur les marches du grand escalier qui sépare la cour du haut et celle du bas comme sur les gradins d’un amphithéâtre.
Un peu plus tard, alors que la foule s’est peu à peu dispersée pour le repas de midi, Bernard devient le centre d’attention d’une partie des gamins
en distribuant des ballons de baudruche, qui lui valent un franc succès.
En début d’après-midi a lieu, dans le bureau du directeur, une séance de tri des médicaments apportés, avec une explication en anglais concernant
leur utilité.Alors que dans le coin opposé de la pièce, Hélène,
notre infirmière, se consacre à soigner des bobos plus ou moins graves, apaisant ses jeunes patients de sa voix calme et chantante( schätzli… comprendre " petit trésor ") Puis les plus courageux descendent au village, alors que d’autres se consacrent à quelques tâches matérielles : lessive, lavage des cheveux… et visite à la taverne la plus proche !
Et c’est en retournant sous ma tente qu’une jolie jeune femme me fait
un geste explicite pour me montrer que… j’ai de grosses fesses ! ! !
Pas besoin de traduction ! ! Eclats de rire partagés. Peut-être qu’ici, c’est un compliment, un signe de bonne santé ! Rien de bien marquant durant
la soirée, si ce n’est qu’au dessert, nous avons droit à un vrai gâteau,
avec glaçage au sucre, décoration…
Catherine

6 avril
Il est 7 heures ce matin là lorsque qu’un doux soleil de printemps embrase brusquement la toile légère de nos tentes, mes sens, encore brouillés
par un sommeil à peine résilié, titillent mon cerveau embrumé. Une odeur particulière faite de fumée, de paille séchée et de terre humide excite
mes narines. Quelques  raclements de gorge prolongés par des crachats sonores et épais, ponctuent des discussions enfantines susurrées, là,
tout près de nous, dans une langue qui, bien que familière, reste incompréhensible.  Plus loin, le vrombissement caractéristique des réchauds à kérosène apporte une piste supplémentaire à mes neurones intrigués.
Puis soudain, comme un éclair, une fermeture du même nom, zèbre
ces douces sensations. Aussitôt des pas précipités semblent frôler nos corps emmitouflés, claironnent alors les cris rieurs et les premiers " namasté "
des enfants ameutés devant la tente dont l’intérieur ainsi dévoilé devient l’objet de toute leur curiosité.
Tout alors se met en place et l’inconsistance de la somnolence laisse place
à une voluptueuse réalité : nous sommes à Laprak, village gurung, accroché comme un nid aux pentes escarpées, but ultime de notre long périple
et dont les enfants, reçoivent chaque année un soutien tant apprécié.
Un thé brûlant, servi " au lit " par nos inépuisables cuisiniers met un terme
à cet éveil singulier et, comme chaque matin, inaugure la nouvelle journée.
Pour la majorité du groupe la matinée sera consacrée à la découverte
du village, pour le reste ce sera la visite des trois terrains susceptibles
de recevoir la construction de la nouvelle école Jal Devi. Visite ayant
pour objectif de retenir celui qui sera le mieux adapté pour ce projet
et de recueillir notre accord de financeur.
Les terrains sont situés dans la partie basse du village, 300 m. plus bas
que notre campement, campement qui témoigne déjà d’une certaine effervescence, tout particulièrement la tente d’Hélène transformée
en infirmerie où elle prodigue avec une douceur angélique les premiers soins aux enfants laprakis, la file d’attente est longue, les curieux nombreux.
Notre groupe est presque au complet, Radjendra le directeur de l’école
et quelques enseignants, Bis Bahadur le vice maire, quelques membres
du comité villageois, Sunar, Suk, et une ribambelle de gamins qui courent
et virevoltent comme des cabris. Tout ce petit monde se jette dans
la descente vers le village, les népalais en faisant des efforts pour freiner leur rythme habituel, les enfants en courant à toute allure et nous autres
en assurant chacun de nos pas. Une demie heure plus tard nous sommes tous réunis dans la cour de ce qui sert actuellement d’école aux petits,
tout en bas du village, à quelques pas du glissement de terrain
qui justifie en grande partie le déplacement de cette école.
Le premier terrain est là, à quelques dizaines de mètres, mais il ne convient pas, car encore plus près de l’énorme trou ! Le suivant est plus haut
dans le village, et nous voilà repartis, comme dans un épisode de fort Boyard. Celui-ci est bien petit et trop en pente pour construire une école devant accueillir 100 élèves, le dernier terrain n’aura même pas l’honneur
de notre visite car, aux dires du vice maire, il est encore plus pentu
que le précédent et à peine plus grand.


L’après-midi est un moment très attendu du séjour car elle est consacrée
à la visite de nos filleuls respectifs et à leur famille, opération délicate
s’il en est, sur le principe déjà, mais également sur sa mise en œuvre.
En effet, seuls Suk et Sun connaissent bien le village et sont en mesure
de localiser un filleul à partir du nom du parrain et du numéro de parrainage, malheureusement ni l’un ni l’autre ne maîtrise notre langue et l’intervention d’un interprète est indispensable.
Sunar s’est d’abord essayé, mais malgré tout son charisme et son énergie,
il n’a pu faire face à notre groupe piaffant d’impatience. Perché sur un petit muret, englouti par une marée d’enfants, de mamans et de parrains, assailli
de questions, essayant désespérément de répondre à toutes les demandes
en français, en népali ou en gurung, il a finalement jeté l’éponge, vaincu
par le nombre, son éternel sourire crispé par l’impuissance. C’est finalement Anup qui eut raison de l’agitation en organisant une visite par quartier.
Le groupe accompagné d’une myriade d’enfants s’est alors ébranlé
dans la longue descente vers le village. A chaque quartier, le groupe marque le pas, les parrains concernés disparaissent par les étroites ruelles accompagnés d’un interprète et d’une nuée d’enfants, pour revenir
un moment plus tard, les bras soulagés, le regard humide. C’est ça l’effet Laprak. Au détour d’une ruelle, on peut apercevoir en contrebas,
une terrasse si large qu’elle masque les constructions qu’elle domine, paraissant ainsi flotter dans l’immense vallée. De nombreux laprakis y sont assis à même le sol, entourant une table derrière laquelle le vice maire Bis Bahadur harangue l’assistance attentive et silencieuse en s’appuyant
sur des gestes larges et agités. Renseignements pris, il s’agit tout simplement d’une réunion publique du conseil villageois, la démocratie prend alors pour moi un reflet nouveau et cette image restera gravée longtemps dans ma mémoire. Plusieurs heures plus tard, en regagnant le campement
on pouvait encore observer la même scène magnifiée par la lumière vespérale, comme si le temps ne comptait plus, ou qu’il s’était brusquement arrêté, une sensation fugace, mais profonde, d’éternité. Une nuit douce
et noire s’est alors déployée. Elle sera la dernière en compagnie de nos hôtes et la mélancolie s’est installée. C’est pourtant la fête à Laprak ce soir, les instituteurs (malgré les vacances scolaires) ont organisé avec les enfants un spectacle qui nous est dédié. Deux lampes à kérosène diffusent une pâle lumière sur la scène disposée aux pieds des grands escaliers menant à la nouvelle école. Ceux-ci font office pour l’occasion de gradins
où une foule de villageois se sont installés pour participer aux festivités.
Les premiers sons du mandale imposent le silence et, dans cet espace insolite, les voix aiguës des enfants percent la nuit profonde
où la montagne complice semble colporter ce chant au delà de cette petite tâche de lumière accrochée à ses flancs.
Plusieurs chansons et danses sont originales et ont été créées par les élèves à notre intention, elles vantent les mérites de l’effort, du travail
et de l’amitié. Un Resham Firiri tonitruant mettra fin au programme.
Notre groupe entonnera quelques refrains dont l’Alouette, qui reste
la chanson étrangère la plus connue de ce côté de l’Himalaya. Puis, lorsque le silence est retombé, exacerbant la difficulté à se quitter, Christian
a adressé à tous les villageois, comme lui seul sait le faire, un message
de solidarité, d’amour et de paix, traduit en népali et en gurung
et qui résonne encore, j’en suis sûr, au cœur des grands sommets.
Alain

7 avril
Réveil au son des raclements de gorge et des crachats, mais on finit
par s’y habituer. Image réaliste, à défaut d’être poétique ! Plus joli,
le tintement de l’eau qui remplit les cruches, de plus en plus clair jusqu’au goulot. A la fontaine, la vie bat son plein, on se lave les bras, les dents…,
et les goras rangent leurs sacs. C’est le jour du départ. Grande animation autour du démontage des tentes, les sacs s’amoncellent sur la bâche bleue, avant que chaque porteur ne ficelle sa charge. Petit déjeuner au soleil,
pas envie de repartir, derniers regards aux gamins debout autour de nous. Leurs mères sont restées en haut des marches et forment une sorte de haie, comme pour surveiller notre repas..
Puis voilà le chaman pour la bénédiction des voyageurs. Bizarre cérémonie,
au cours de laquelle Christian et Alain se retrouvent attrapés par 4 solides gaillards et soulevés de terre au milieu des applaudissements, après avoir reçu, noués autour du cou, des papiers népalais pliés en carré, recouverts d’écritures, contenant des herbes censées nous protéger tout au long
de la route.
Nous en aurons bien besoin, l’épreuve de la montée va être rude,
je la redoute bien à l’avance. Puis chacun de nous a le front marqué de riz blanc cru mouillé avec une sauce verte.
Deuxième cérémonie, dans la cour du haut cette fois-ci. Nos deux chefs
se voient décorés de calots multicolores, puis on recouvre le riz blanc de riz rouge, coloré avec la poudre vermillon du jour d’arrivée. Encore quelques " Namasté ", sourires et larmes au coin des yeux, et la caravane se met
en route. Alors, consigne du jour : lentement, très lentement, il faut monter
à son rythme. Nous croisons de très jeunes enfants dont le doko est rempli d’herbes sèches, un chargement impressionnant pour ces petits gabarits.
Au départ, une légère erreur de trajectoire nous fait investir les jardins
en terrasses étroites. Attention à ne pas piétiner maïs et pommes de terre, dans les terrasses si durement travaillés. Dans la montée, nous sommes escortés par plusieurs enfants en tongues, comme d’habitude,
qui escaladent les escaliers comme des cabris, tandis que certains d’entre-nous (cherchez qui ? ) peinent et crachent leurs poumons. Premier arrêt. Conseil avisé de Anup : " Ne pas s’asseoir !". Ah, dommage, moi j’aurais bien aimé ! Route au rythme de Daniel et de sa " poule qui avait 30 poulets, allongeons la jambe… " Merci Daniel pour ton assistance dans l’effort !
Deuxième arrêt. Pause crème solaire.
Les vrais touristes ! Vitamine C pour booster les énergies, et re-route.
Plus facile, ou on s’habitue ?Pause repas, apéritif gingembre offert par Hélène, gare à la belle nuit qui s’annonce ! Quant à Guillaume, il ne ferme plus sa braguette depuis 3 jours. Cassée, qu’il dit ! Faut voir ! Mis en forme, Christian nous parle du linge qui se lave à la main, ça dégénère ! Soleil
et brouillard alternent, on s’habille et se déshabille, je te plumerai le bec, passe moi mon café s’il te plaît, je vais prendre une photo…
Et Anaïs lit " Candide ", allongée sur la bâche. Non, elle dort ! Dernière grimpette, accompagnés par les chants des enfants : Alouette,… et Resham Firiri (orthographe garanti, c’est la pochette du disque qui l’a dit !) Certaines en ont la larme à l’œil.
Puis il faut quitter le chemin, prendre encore de la hauteur. Le camp ce soir
se fera au sommet de la colline, d’où nous découvrirons demain un splendide panorama. Pour l’heure, Versailles et le Petit Trianon, plantés au bord du précipice, disparaissent épisodiquement dans le brouillard. Non, les nuages, corrige Anup, nous avons la tête dans les nuages.  A 15 heures 24,
le gingembre agit sur Claudine, qui poursuit Christian, qui s’enfuit en hurlant (de terreur, précise-t-il !) Au loin, un porteur fait des soleils avec
un rouleau de PQ qui s’humidifie au vent. La conversation sur le PQ humidifié à l’avance nous amène tout naturellement à l’opération des h… d’A… Chacun tente de se trouver une occupation, cartes postales pour Georgette,
jeu d’awele pour Hanne, et balade ( ! ) pour Daniel et Jocelyne, qui n’en ont jamais assez ! D’autres se retrouvent sous la grande tente pour
se réchauffer autour d’un thé. 16 heures 20 : distribution générale
de Pastilles Vichy. 17 heures : Jean-Paul et Daniel font état de l’évolution
de leur vie de couple, mouvementée si l’on en croit les apparences.
Il fait froid, je n’arrive pas à me réchauffer, malgré 2 caleçons et 2 polaires. Merci Guillaume pour ta couverture. Un peu de thé chaud nous est salutaire, avant de rejoindre le grand feu qui brûle à l’écart du campement, où nous prendrons notre repas, certes un peu  enfumés, mais on n’en est plus à ça près !
Puis la chorale des goras se met en voix, relayée par sa consœur népalaise.
Tout le répertoire y passe, jusque tard dans la nuit, malgré le feu déclinant
et le départ échelonné des membres de l’assemblée, jusqu’à ce que
la dernière branche soit consumée. Je rejoins alors ma tente, l’esprit léger, car j’ai passé une bonne soirée, mais le cœur lourd. Pourquoi ?
Vous qui lisez ces quelques lignes, vous pensez sans doute qu’il n’y a dans mon récit rien que de très futile. Alors sachez que je ne suis certainement pas la seule à trouver à cette journée un goût amer. Cette journée
est annonciatrice de la fin du trek, donc de la fin du voyage, mais surtout, nous avons quitté Laprak. Certains d’entre nous reviendront, pour d’autres c’est un adieu définitif, mais chacun repart avec le cœur plus grand, habité des sourires et de la gentillesse que nous y avons rencontrés.
Je crois que toutes les bêtises racontées aujourd’hui n’avaient pour seule origine que le désir de chacun d’alléger un peu sa peine, on appelle ça faire contre mauvaise fortune bon cœur. Cette marche vers Laprak n’est en rien comparable aux multiples voyages à travers le monde que j’ai pu effectuer auparavant. Il serait trop long d’énumérer ici tous les enseignements
que j’ai pu en tirer au fil des heures et des jours, mais puisque le but
de notre association est l’accès pour tous les enfants du village
à l’enseignement scolaire, laissez-moi vous faire part de mon désarroi, puis de ma révolte, lorsque je vois certains de nos élèves rechigner au moindre effort, alors qu’autour d’eux sont réunies toutes les conditions pour
leur faciliter l’accès à la connaissance. Pour ma part, de cette journée du 07 avril 2002, j’ai oublié la souffrance physique, les multiples quintes de toux,
la respiration difficile, l’apnée, les jambes coupées par le manque d’oxygène, pour ne retenir que les chants des enfants qui nous escortaient dans notre ascension. Ces enfants auxquels, pour 25 Euros, nous offrons l’accès
à la scolarité, nous saluaient en marchant encore plus haut que nous
sur la montagne, dans les massifs de rhododendrons en fleurs.
Resham Firiri…, c’est l’histoire d’un drapeau qui flotte au vent, tout comme flottaient les chants des enfants.
Catherine

8 avril
Après une nuit finalement pas si glaciale que l’on craignait, nous nous réveillons à 2730m devant un panorama splendide de montagnes enneigées et ensoleillées et au premier plan des rhododendrons.
A peine partis, nous rencontrons un petit groupe de laprakis avec enfants – mais, ce sont nos petits malades ! Les parents se sont finalement décidés
à les emmener chez le médecin. Première joie de la journée.
La descente vers Barpak est assez raide puis nous traversons des pentes plus douces à travers des champs de blé de tous les verts tendres imaginables vers Mandre. On est tranquille dans le groupe de queue :
nous nous restaurons à l’auberge avec vue imprenable avec du coca,
ou était-ce de la bière pour Jean-Paul ? A la sortie du village des gens s’affairent à la construction de l’école et sur les questions de Alain nous apprenons que c’est grâce au don que nous avons fait 6 jours avant
que le chantier ait pu reprendre. Deuxième joie. Tout au long du chemin nous croisons des gens avec toute sorte de charges et Sunar nous explique
que les  fillettes commencent à porter du bois dès 4-5 ans, les garçons
ont le droit d’aller chercher le riz ( en sacs de 40 kg ) à partir de 11 ans
et la charge des porteurs de trek peut être de 50 kg – mais pas chez " Trinetra " où ils ne portent que 35 kg environ, dit Sunar. A la pose de midi nous avons descendu près de 2000 m en 4 heures ! Nous n'avons pas encore fini le repas qu’il se met à pleuvoir des trombes d’eau – qu’est-ce que ça doit être à la mousson. Nous nous abritons dans une sorte d’entrepôt d’une épicerie en gros qui se compose de canisses tressées et de bâches bleues où nous nous assoupissons assis sur et entre des sacs de riz
et autres denrées dures, pas sur les choux-fleurs bien sur. L’après-midi
nous longeons la rivière. Pauvre Jean-Paul, ce terrain accidenté avec ses galets doit être une épreuve pour ses ampoules aux pieds.

 


LES AMIS DE LAPRAK

 


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